Psaume 44 - faisons confiance au Dieu souverain et bon !
« Faisons confiance au Dieu souverain et bon ! »
Église de La Garenne-Colombes, 21 juillet 2013
Texte (Segond21)
1 Au chef de choeur. Des descendants de Koré, cantique.
2 O Dieu, nous avons entendu de nos oreilles, nos pères nous ont raconté tout ce que tu as accompli à leur époque, par le passé.
3 De ta main tu as chassé des nations pour qu'ils puissent s'établir, tu as frappé des peuples pour qu'ils puissent s'étendre.
4 En effet, ce n'est pas par leur épée qu'ils se sont emparés du pays, ce n'est pas leur bras qui les a sauvés, mais c'est ta main droite, c'est ton bras, c'est la lumière de ton visage, parce que tu les aimais.
5 O Dieu, tu es mon roi: ordonne la délivrance de Jacob!
6 Grâce à toi nous renversons nos ennemis, grâce à ton nom nous écrasons nos adversaires,
7 car ce n'est pas en mon arc que je me confie, ce n'est pas mon épée qui me sauvera,
8 mais c'est toi qui nous délivres de nos ennemis et qui fais rougir de honte ceux qui nous détestent.
9 Nous chantons la louange de Dieu chaque jour, et nous célébrerons éternellement ton nom. - Pause.
10 Cependant tu nous as repoussés, tu nous as couverts de honte, tu ne sors plus avec nos armées.
11 Tu nous fais reculer devant l'ennemi, et ceux qui nous détestent se partagent nos dépouilles.
12 Tu nous livres comme des brebis de boucherie, tu nous disperses parmi les nations.
13 Tu vends ton peuple pour rien, tu ne l'estimes pas à une grande valeur.
14 Tu nous exposes aux insultes de nos voisins, à la moquerie et aux railleries de ceux qui nous entourent.
15 Tu fais de nous le sujet d'un proverbe parmi les nations, on hoche la tête sur nous parmi les peuples.
16 Mon humiliation est toujours devant moi, et la honte couvre mon visage
17 à la voix de celui qui m'insulte et me déshonore, à la vue de l'ennemi avide de vengeance.
18 Tout cela nous arrive alors que nous ne t'avons pas oublié et que nous n'avons pas violé ton alliance.
19 Nous n'avons pas fait marche arrière dans notre coeur, nous ne nous sommes pas écartés de ton sentier.
20 Pourtant, tu nous as écrasés dans le territoire des chacals et tu nous as couverts de l'ombre de la mort.
21 Si nous avions oublié le nom de notre Dieu et tendu nos mains vers un dieu étranger,
22 Dieu ne le saurait-il pas, lui qui connaît les secrets du coeur?
23 Mais *c'est à cause de toi qu'on nous met à mort à longueur de journée, qu'on nous considère comme des brebis destinées à la boucherie.
24 Lève-toi! Pourquoi dors-tu, Seigneur? Réveille-toi, ne nous repousse pas pour toujours!
25 Pourquoi te caches-tu? Pourquoi oublies-tu notre misère et notre oppression
26 quand nous sommes affalés dans la poussière, quand nous rampons par terre?
27 Lève-toi pour nous secourir, délivre-nous à cause de ta bonté!
Introduction
Est-ce que cela vous arrive de parler à quelqu’un et de parler dans le vide parce que la personne est scotchée à un écran de smartphone ou d’ordinateur. L’interlocuteur est là, physiquement, mais sur le plan communicatif il est absent. Il ne vous entend plus. C’est comme s’il dort. Je suis sans doute bien fautif dans ce domaine.
Sur le plan spirituel, on peut parfois se demander si Dieu lui-même n’est pas absent, scotché à un autre écran comme s’il dort. Je suis sûr ce que cela vous est arrivé de penser que Dieu vous fait la sourde oreille, qu’il ne vous écoute plus ou même qu’il vous rejette, tellement il semble loin et tellement vos prières semblent tomber dans le vide.
Cette sensation d’absence est d’autant plus invivable aux moments quand tout va mal. En effet, ce n’est qu’aux moments difficiles lorsque nous nous savons bien vulnérables que ce sentiment devient bien perceptible.
Dans notre psaume de ce matin, nous avons affaire à de tels sentiments. Est-ce que vous avez repéré ça vers la fin du psaume ? Au verset 24, le Psalmiste dit à Dieu : « Lève-toi ! Pourquoi dors-tu, Seigneur ? Réveille-toi, ne nous repousse pas pour toujours ! Pourquoi te caches-tu ? Pourquoi oublies-tu notre misère et notre oppression, quand nous sommes affalés dans la poussière, quand nous rampons par terre ? » C’est dramatique n’est-ce pas ? Comme la semaine dernière, nous avons affaire à un psaume bien triste, un psaume de lamentation.
Survol du Psaume
Le psalmiste commence son psaume aux versets 1 à 4 en se souvenant du passé.
Est-ce que vous voyez ça au verset 2 ? Il parle de ce que leur ancêtres, leur pères, leur avaient raconté et leurs pères leur raconté ce que Dieu avait fait lorsqu’il les a sauvés et il les a fait entrés dans la terre promise, la terre d’Israël. Ils leur avaient raconté l’époque de Josué. Vous pouvez lire ça dans le livre de Josué dans l’Ancien Testament. Et en racontant ce qui s’est passé à cette époque-là, le psalmiste met en avant la toute-puissance du Seigneur lui-même.
Les versets 3 et 4 disent que c’est Dieu qui a chassé les nations de cette terre. Ce n’est pas leurs armées qui ont fait ça, mais Dieu lui-même. C’est Dieu qui a été le véritable héros de la conquête. Et Dieu l’a fait, nous dit le verset 4 parce qu’il aimait son peuple.
Comme dans le livre de Deutéronome, ces premiers versets nous montrent l’importance de l’instruction parentale donnée aux enfants. Les premiers pasteurs d’un enfant sont ses propres parents. Ils ont la responsabilité et le privilège de lui raconter ce que Dieu a fait et de modeler la vie chrétienne mise en pratique.
À partir du verset 5, le Psaume change un petit peu. Au lieu de dire « nous », le psalmiste parle au singulier et il crie à Dieu pour lui dire : « O Dieu, tu es mon roi : ordonne la délivrance de Jacob ! » Qui est cette personne qui parle au verset 5 ? Beaucoup de commentateurs pensent qu’il s’agit du roi d’Israël qui conduit le peuple dans la prière et la louange. C’est lui qui intercède et qui demande à Dieu de sauver le peuple.
Et dans les versets qui suivent, nous avons une véritable confession de foi commune. Est-ce que vous voyez ça ? Aux versets 6 à 9, le peuple dit à Dieu qu’il lui fait confiance, que sa confiance est en lui. Le peuple renouvelle sa confession de foi. Cette foi est basée sur ce que Dieu a fait au passé et elle affirme tout haut leur confiance en Dieu : Dieu fera à l’avenir ce qu’il a déjà fait au passé. Il délivrera son peuple et c’est pour ça que le peuple au présent, verset 9, chante ses louanges et célèbre Dieu, il prend plaisir en Dieu. Cela nous rappelle aussi le sens de nos rencontres le dimanche matin, nous nous assemblons pour nous souvenir de ce que Dieu a fait en Jésus et pour réaffirmer publiquement notre confiance en lui.
Et pourtant cette confession de foi n’est pas facile à faire. Pourquoi ? Parce qu’à partir du verset 10, nous voyons ce qui se passe, ce qui leur arrive. Ils sont aux abois. L’ennemi les a fait reculer. Ils sont exposés aux insultes. Le peuple est catégorique là-dessus, ce qui leur arrive n’est pas le fait de leur péché. Non, ils sont fidèles au Seigneur. Ils ne se sont pas donnés aux idoles. Mais malgré ça, ils sont mal en point. En fait, le psalmiste affirme que si le peuple passe par la vallée de la mort, c’est en vertu de son appartenance au Seigneur, à cause de sa fidélité. Est-ce que voyez ça au verset 23 : « … mais c’est à cause de toi qu’on nous met à mort à longueur de journée, qu’on nous considère comme des brebis destinées à la boucherie. »
Et c’est pour ça que le psalmiste cri à Dieu. : « Lève-toi ! Pourquoi dors-tu, Seigneur ? Réveille-toi, ne nous repousse pas pour toujours ! Pourquoi te caches-tu ? Pourquoi oublies-tu notre misère et notre oppression, quand nous sommes affalés dans la poussière, quand nous rampons par terre ? » On comprend mieux ce cri si rempli d’émotion.
Problématique du Psaume (contexte dans le Psautier)
Nous avons dit la semaine dernière que ces psaumes se trouvent dans le 2e livre du Psautier, le nom que nous donnons à tous les psaumes ensemble. Le Psautier est un recueil de chants et de poèmes qui nous aident à parler à Dieu, mais il est surtout un livre par lequel Dieu qui l’a inspiré nous parle.
Dans ce deuxième livre, nous sommes encore à la recherche d’un roi, un roi oint par Dieu qui peut juger les nations et sauver son peuple, un roi qui va changer le monde. C’est le Roi que nous voyons décrit dans le Psaume 2. Comme dans le 1er livre, ce 2e livre va nous montrer que ce Roi n’est pas le roi David. Le 2e livre va se poser la question de si ce Roi n’est pas son fils, Salomon, mais bien sûr Salomon ne le sera pas non plus. La suite de la Bible nous montre que ce Roi s’appelle Jésus-Christ, un descendant de David et de Salomon. Le Psaume 44 nous montre, comme les Psaumes 42 et 43 de la semaine dernière, que c’est difficile de vivre fidèlement pour Dieu en attendant ce Roi. Quand les ennemis de ce Roi qui va juger et qui va sauver sont encore en liberté, la vie du croyant qui reste fidèle au Seigneur n’est pas un long fleuve tranquille. Au contraire, les difficultés abondent.
Nous ne vivons pas à l’époque de ce psalmiste, mais nous vivons à la lumière de la venue de ce Roi, le Roi Jésus-Christ qui a vaincu la mort. Notre espérance est plus claire que celle du psalmiste, nous avons accès à beaucoup plus de lumière que lui et pourtant nous allons voir qu’à bien des égards, il peut nous enseigner, Dieu peut nous enseigner par lui, comment vivre la vie chrétienne, comment vivre aujourd’hui en attendant le retour de Jésus, le jour où sa victoire sur la mort, le mal et le malin sera pleinement expérimentée et vécue. Jésus lui-même s’est sans doute ressourcé en méditant ce psaume, car le psaume fait écho à son expérience de la vie du croyant fidèle.
Structure
J’aimerais explorer ce psaume ce matin en focalisant sur ce que ce psaume nous apprend par rapport à la personne de Dieu lui-même. On va parler d’abord de sa souveraineté, et ensuite dans un 2e temps nous verrons sa fidélité ou sa bonté et dans un 3e temps, nous pouvons conclure en réfléchissant à comment sa souveraineté et sa bonté façonnent notre foi en lui.
1. Sur toutes choses, même le mal, Dieu est souverain
Je ne sais si vous avez fait le constat lorsque nous lisions ce psaume, mais le personnage principal de ce Psaume est Dieu lui-même et ce Psaume nous montre que le peuple de Dieu est très conscient du fait que leur Dieu est puissant et souverain.
Après l’arrivée un peu précoce de Charles il y a 3 semaines, on attend en ce moment un bébé royal, un fils ou une fille de Kate et de William. Ce bébé pourrait un jour prendre le trône du Royaume-Uni, à moins que d’ici-là le parlement à Westminster ait de nouveau saisie la pleine souveraineté du pays comme il l’a fait à l’époque de Cromwell en destituant et en décapitant le roi Charles 1re. Bien sûr, même si ce bébé devient un jour le roi ou la reine d’Angleterre, il ou elle n’aura pas beaucoup de pouvoir. Il sera un roi pour l’apparence, de manière symbolique. Et puisqu’il n’aura pas de pouvoir, comment pourrait-il être le vrai souverain, celui qui exerce les pleins pouvoirs ?
Lorsque nous parlons de la souveraineté de Dieu, nous parlons de l’exercice de son plein pouvoir. Dieu est un vrai souverain, qui peut vraiment régner. Il a le droit de régner parce qu’il est notre Créateur, il nous a créés. Nous voyons son règne dès le début du Psaume. Il a donné cette terre qu’il avait promise à son peuple. Il a chassé les peuples qui y habitaient. Sa main est une main puissante. Lorsqu’il décide quelque chose, il le fait et il l’accomplit. Dieu n’est pas une mauviette. Son règne n’est en rien symbolique. Son peuple lui fait confiance parce qu’il est capable de les sauver. Il l’a déjà fait. Si c’est le roi d’Israël qui parle au verset 5, il reconnaît que le vrai Roi est l’Éternel. C’est lui le vrai souverain.
Et pour nous, chrétiens, bien des années plus tard, c’est tout aussi vrai. C’est chose faite. Dieu nous a délivré de l’emprise, non pas d’autres nations impies, mais du diable, l’impie par excellence. Oui, il voulait nous faire tuer. En nous poussant à nous rebeller contre Dieu, il voulait qu’on soit condamné par Dieu. Mais dans une démonstration de souveraineté, Jésus l’a vaincu à la croix en prenant sur lui notre condamnation à notre place. Dieu est notre Souverain-Sauveur !
Mais dans la suite du psaume, nous voyons également quelque chose qui de prime abord peut nous sembler bien sombre. Sa souveraineté a un côté mystérieux, voire sombre. C’est ce que nous voyons à partir du verset 10. Tous les malheurs qui tombent sur le peuple et desquels il souhaite être délivré viennent eux aussi de la main souveraine de Dieu. Est-ce que vous voyez ça dans les versets 10 et suivants : …
Le psalmiste dit c’est Dieu qui les couverts de honte, qui les a fait reculer devant l’ennemi, que les a livré comme des brebis à la boucherie, qui les disperse parmi les nations. Ça peut nous sembler étrange. N’est-ce pas leurs ennemis qui leur font tout ça ? Dieu n’y est sûrement pour rien. Dans un sens, c’est vrai. Concrètement, physiquement ce sont leurs ennemis qui leur ont donné une raclée. Mais derrière ça, il y a le Dieu souverain de l’univers, car s’il est vraiment souverain, il est également souverain sur toutes choses. Il n’a pas limité sa souveraineté.
Voici une citation d’un théologien qui s’appelle James Packer, un anglican canadien.
Dieu règne sur les cœurs et les actions de tous les hommes (cf. Proverbes 21,1 ; Esdras. 6,22), bien souvent en vue de desseins qui sont les siens et qu’ils ne soupçonnent pas (cf. Genèse 45,5-8 ; 50,20 ; Esaïe 10,5ss ; 44,28-45,2 ; Jean 11,49ss ; Actes des Apôtres 13,27ss). Le contrôle de Dieu est absolu dans le sens où les hommes ne font que ce que Dieu a ordonné qu’ils fassent ; pourtant ils sont véritablement des agents libres dans le sens où leurs décisions sont les leurs et ils sont moralement responsables pour elles (cf. Deutéronome 30,15ss).[1]
Oui, vous avez raison de penser que c’est difficile à comprendre et bien mystérieux.
Le psalmiste ne se trompe pas en disant que ces choses terribles viennent du Seigneur. Alors, est-ce que ce genre d’idée vous pose problème ? Le Dieu souverain est même souverain sur le mal qui se passe dans le monde. Il faut être prudent en disant une telle chose parce que la Bible affirme de manière nette et claire que Dieu n’est pas l’auteur du mal. Il n’est pas à l’origine du mal. Dieu ne commet pas le mal et ses yeux sont trop saints pour voir le mal. Et pourtant rien ne se passe sans son accord. Plus que ça, personne ne fait quoi que ce soit, bien ou mal, sans que cette chose, selon la souveraineté de Dieu, n’accomplisse pas les desseins de Dieu.[2]
En fait, nous voyons un exemple de cette pleine souveraineté au moment de la crucifixion de Jésus-Christ.
C’était à ce moment-là que les pouvoirs du mal et le péché de l’homme ont dévoilé le cœur de leur projet déicide. À la croix, nous voyons ce que notre péché implique. Il implique notre désir de nous débarrasser de notre Créateur pour vivre sans lui, à notre manière, pour nous-mêmes. C’est un coup d’état bien meurtrier.
Mais Dieu n’était pas pris au dépourvu par cette haine. Loin s’en faut. Car à ce moment-là, Dieu a donné son fils, Jésus s’est donné. Il a cédé à cette haine pour la vaincre une fois pour toutes. L’amour de Dieu et la justice de Dieu ont vaincu de manière souveraine la haine et l’injustice de l’homme.
La croix était selon la volonté de Dieu et ça de tout temps, et pourtant on y voit le cœur du mal dévoilé, l’intention libre de l’homme de se débarrasser de son Dieu. Dieu l’a voulu pour démontrer la grandeur de sa grâce, pour dévoiler la grandeur de sa gloire.
Quel mystère extraordinaire !
Si nous voulons préserver une compréhension grandissime de Dieu, une vision exaltante de qui il est. Nous devons comme le psalmiste le fait, affirmer sa pleine souveraineté, même quand ça nous semble poser problème. Si on ne le fait pas, notre Dieu sera bien petit, limité par les circonstances, ses ennemis et les actions de l’homme. Bref, il ne sera plus le Dieu la Bible, le vrai Dieu.
2. Mais notre Dieu souverain est également bon, très bon !
Les dictateurs font peur n’est-ce pas ? Si quelqu’un a tous les pouvoirs, il a plein pouvoir de faire beaucoup de mal. Vivre sous les régimes d’Hitler, de Staline et de Mao faisait très peur. Ils avaient des réseaux policiers impressionnants. Ils avaient le pouvoir de faire disparaître leurs opposants.
Mais Dieu, le Dieu souverain, souverain même sur le mal, sans en être l’auteur n’est pas comme un de ces dictateurs. Pourquoi ? Parce que le psalmiste, même s’il sait que les malheurs qui s’abattent sur son peuple sont le fait du Dieu souverain, sait qu’il est bon et ça fait toute la différence.
Il regarde en arrière et il fait le constat que Dieu a été bon pour Israël. C’est ce que ses ancêtres lui ont dit. Dieu est un Dieu libérateur, salvateur. Il aime son peuple. C’est pour ça qu’il annonce qu’il réaffirme sa foi en lui aux versets 6 à 9. C’est pour ça que le dernier mot de ce psaume est le mot hébreu HSD, ce qui veut dire « fidélité aimante » ou « amour fidèle ». Pour le psalmiste, c’est ce qui caractérise la personne de Dieu. Il est un Dieu plein d’amour, plein de fidélité et puisqu’il est souverain et bon en même temps, il peut lui faire confiance, il peut crier vers lui, même dans ses moments les plus sombres, les plus difficiles.
Mais s’il est bon pourquoi tous ces malheurs ? Pourquoi la persécution ? Sans doute, par moments, nos frères et sœurs dans les pays où la persécution sévit doivent se poser cette question.
Nous l’avons déjà dit le peuple souffre non pas à cause de ses fautes, mais à cause de son appartenance au Seigneur.
Parfois, nous voyons que Dieu discipline son peuple. Le Nouveau Testament nous dit que Dieu parce qu’il nous aime, nous corrige, il nous discipline pour nous remettre sur les rails, pour que nous apprenions à l’aimer en lui obéissant. De manière proverbiale aussi, nous récoltons ce que nous semons. Si on sème le mal, on en récoltera les conséquences. Mais dans ce cas-ci, le peuple est innocent. C’est aussi pour ça que le Psalmiste fait appel à la bonne conscience du peuple devant Dieu aux versets 21 à 22.
Non, le peuple souffre à cause du Seigneur lui-même, à cause de sa fidélité au Seigneur ! Comment pouvons-nous y voir la bonne main du Seigneur là-dedans ? Ce qui est peut-être surprenant, c’est que le Psalmiste ne nie en rien la bonté du souverain Dieu. Certes, il se demande si Dieu a oublié son peuple ou si Dieu ne dort pas, mais au fond il ne doute pas de sa bonté. Sa confiance en sa bonté le pousse à crier vers lui. Sa confiance est vraiment exemplaire d’autant plus qu’il a vécu avant Jésus-Christ. Nous, nous avons bien des preuves supplémentaires de sa bonté souveraine.
Bien des années plus tard, l’apôtre Paul cite le verset 23 du Psaume 44. Il le cite vers la fin de son célèbre chapitre 8 de sa lettre aux Romains. Il le cite pour expliquer la vie chrétienne à ses lecteurs et pour leur expliquer qu’ils peuvent faire confiance à Dieu, même dans la souffrance et la persécution.
Dans ce chapitre-là l’apôtre Paul explique à ses lecteurs que le Dieu qui est souverain est bon - je cite – 28 Nous savons, du reste, que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein. Et ce bien, nous le voyons tout de suite après. Le bien que Dieu a en vue n’est pas la prospérité matérielle, l’épanouissement sentimental ou la santé physique, mais le fait de ressembler à Jésus-Christ, d’être rendu conforme à celui en qui Dieu prend plaisir, ce Fils obéissant.
Oui, tout comme ce Fils nous apprenons l’obéissance par la voie de la croix. Certes, ce n’est que lui qui va à la croix, mais nous qui le suivons, nous le suivons de manière figurée, imagée en prenant notre croix. La vie chrétienne normale est marquée par cette hostilité, par ces insultes. Nous ne devons pas nous attendre à ce que la société autour de nous nous apprécié et chante nos louanges. Et si ce chapitre 8 nous montre que Dieu ne nous épargne pas cette souffrance, il nous montre aussi que dans la souffrance Dieu ne nous lâche jamais.
Lisons la fin de ce chapitre 8 de Romains : …
31 Que dirons-nous donc à l’égard de ces choses? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous? 32 Lui qui n’a point épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas aussi toutes choses avec lui? 33 Qui accusera les élus de Dieu? C’est Dieu qui justifie! 34 Qui les condamnera? Christ est mort; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, et il intercède pour nous! 35 Qui nous séparera de l’amour de Christ? Sera-ce la tribulation, ou l’angoisse, ou la persécution, ou la faim, ou la nudité, ou le péril, ou l’épée? 36 selon qu’il est écrit: C’est à cause de toi qu’on nous met à mort tout le jour, Qu’on nous regarde comme des brebis destinées à la boucherie. 37 Mais dans toutes ces choses nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés. 38 Car j’ai l’assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, 39 ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur.
Dans cette souffrance à cause du Seigneur, Dieu ne dort pas. Il n’a pas rejeté son peuple, car rien ni personne ne peut séparer son peuple de son amour fidèle. Le Psalmiste fait appel à cet amour fidèle, c’est le dernier mot du psaume.
En quelque sorte, la réponse à son appel est la croix où le Fils souffre à notre place, l’innocent pour les coupables pour nous réconcilier à Dieu. C’est là qu’il nous montre l’amour et la fidélité de Dieu de manière suprême. Si nous voulons la preuve que celui qui est pleinement souverain est pleinement bon, nous ne devons que regarder à la croix.
Et à la croix, Jésus a crié « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Marc 15,34) Jésus peut pleinement compatir avec son peuple souffrant. Lorsque Dieu semble lointain et absent, Jésus peut dire « mon enfant précieux, je sais ce que tu ressens ». Et nous savons que Dieu n’a pas oublié Jésus. Trois jours plus tard, il l’a ressuscité d’entre les morts et il l’a fait asseoir à sa droite d’où il règne aujourd’hui. La vie chrétienne normale est marquée par la souffrance, mais cette souffrance est bien temporaire.
3. Sa souveraineté et sa fidélité façonnent notre foi en Lui
Alors, pourquoi est-ce que certains souffrent plus que d’autres ? Pourquoi est-ce que nos frères et sœurs en Corée du Nord ou au Nigeria souffrent beaucoup plus que nous qui ne devons que subir quelques insultes et quelques brimades ? Je n’en sais rien. Nous devons prier que le Seigneur enracine nos frères et sœurs en lui, en la connaissance du Dieu qui est souverain et bon, qu’ils sachent au fond de leurs cœurs et quoi qu’on leur fasse que Dieu les aime profondément, que Dieu ne les ait pas abandonnés.
Au fond, c’est ce que nous devons prier pour nous-mêmes aussi. Lorsque Dieu semble loin et absent, nous avons besoin de revenir à l’évangile de Jésus-Christ, nous avons besoin de nous rappeler ce qu’il a fait au passé tout comme le psalmiste fait aux versets 2 à 4. Nous avons besoin de passer en revue ce qu’il a fait pour nous et ensuite inviter nos cœurs à réaffirmer notre foi.
Il est le Dieu souverain, le Dieu qui peut et veut nous donner toutes choses. Il veut nous donner lui-même, sa présence, son amour, sa gloire, le fait d’être à lui aujourd’hui et dans toute l’éternité.
Certes, la foi, croire en Jésus n’est pas chose simple. C’est croire ce qui est invisible. Au présent, nous ne voyons que des obstacles, des épreuves, mais ce psaume nous élève pour que nous puissions voir au-delà des épreuves, pour voir le Dieu souverain, souverain même sur les épreuves, car lui il sait ce qu’il fait et il est bon.
Nous allons demander à Dieu dans la prière de nous façonner par notre connaissance de lui afin que …
… dans la souffrance, dans les épreuves nous ne lâchions pas prise,
… que nous ne nous mettions pas à accuser Dieu de tous les maux,
… que nous ne sombrions pas dans une déprime centrée sur l’homme,
… mais qu’il nous aide à voir son amour et à mettre notre confiance en Lui.
Prions
[1] J.I. Packer, cité dans « The God who hears » W.Bingham Hunter, IVP, 1986, p.57
[2] Cf. A.W. Pink, « The Sovereignty of God », The Banner of Truth, 1928, p.39
Église de La Garenne-Colombes, 21 juillet 2013
Texte (Segond21)
1 Au chef de choeur. Des descendants de Koré, cantique.
2 O Dieu, nous avons entendu de nos oreilles, nos pères nous ont raconté tout ce que tu as accompli à leur époque, par le passé.
3 De ta main tu as chassé des nations pour qu'ils puissent s'établir, tu as frappé des peuples pour qu'ils puissent s'étendre.
4 En effet, ce n'est pas par leur épée qu'ils se sont emparés du pays, ce n'est pas leur bras qui les a sauvés, mais c'est ta main droite, c'est ton bras, c'est la lumière de ton visage, parce que tu les aimais.
5 O Dieu, tu es mon roi: ordonne la délivrance de Jacob!
6 Grâce à toi nous renversons nos ennemis, grâce à ton nom nous écrasons nos adversaires,
7 car ce n'est pas en mon arc que je me confie, ce n'est pas mon épée qui me sauvera,
8 mais c'est toi qui nous délivres de nos ennemis et qui fais rougir de honte ceux qui nous détestent.
9 Nous chantons la louange de Dieu chaque jour, et nous célébrerons éternellement ton nom. - Pause.
10 Cependant tu nous as repoussés, tu nous as couverts de honte, tu ne sors plus avec nos armées.
11 Tu nous fais reculer devant l'ennemi, et ceux qui nous détestent se partagent nos dépouilles.
12 Tu nous livres comme des brebis de boucherie, tu nous disperses parmi les nations.
13 Tu vends ton peuple pour rien, tu ne l'estimes pas à une grande valeur.
14 Tu nous exposes aux insultes de nos voisins, à la moquerie et aux railleries de ceux qui nous entourent.
15 Tu fais de nous le sujet d'un proverbe parmi les nations, on hoche la tête sur nous parmi les peuples.
16 Mon humiliation est toujours devant moi, et la honte couvre mon visage
17 à la voix de celui qui m'insulte et me déshonore, à la vue de l'ennemi avide de vengeance.
18 Tout cela nous arrive alors que nous ne t'avons pas oublié et que nous n'avons pas violé ton alliance.
19 Nous n'avons pas fait marche arrière dans notre coeur, nous ne nous sommes pas écartés de ton sentier.
20 Pourtant, tu nous as écrasés dans le territoire des chacals et tu nous as couverts de l'ombre de la mort.
21 Si nous avions oublié le nom de notre Dieu et tendu nos mains vers un dieu étranger,
22 Dieu ne le saurait-il pas, lui qui connaît les secrets du coeur?
23 Mais *c'est à cause de toi qu'on nous met à mort à longueur de journée, qu'on nous considère comme des brebis destinées à la boucherie.
24 Lève-toi! Pourquoi dors-tu, Seigneur? Réveille-toi, ne nous repousse pas pour toujours!
25 Pourquoi te caches-tu? Pourquoi oublies-tu notre misère et notre oppression
26 quand nous sommes affalés dans la poussière, quand nous rampons par terre?
27 Lève-toi pour nous secourir, délivre-nous à cause de ta bonté!
Introduction
Est-ce que cela vous arrive de parler à quelqu’un et de parler dans le vide parce que la personne est scotchée à un écran de smartphone ou d’ordinateur. L’interlocuteur est là, physiquement, mais sur le plan communicatif il est absent. Il ne vous entend plus. C’est comme s’il dort. Je suis sans doute bien fautif dans ce domaine.
Sur le plan spirituel, on peut parfois se demander si Dieu lui-même n’est pas absent, scotché à un autre écran comme s’il dort. Je suis sûr ce que cela vous est arrivé de penser que Dieu vous fait la sourde oreille, qu’il ne vous écoute plus ou même qu’il vous rejette, tellement il semble loin et tellement vos prières semblent tomber dans le vide.
Cette sensation d’absence est d’autant plus invivable aux moments quand tout va mal. En effet, ce n’est qu’aux moments difficiles lorsque nous nous savons bien vulnérables que ce sentiment devient bien perceptible.
Dans notre psaume de ce matin, nous avons affaire à de tels sentiments. Est-ce que vous avez repéré ça vers la fin du psaume ? Au verset 24, le Psalmiste dit à Dieu : « Lève-toi ! Pourquoi dors-tu, Seigneur ? Réveille-toi, ne nous repousse pas pour toujours ! Pourquoi te caches-tu ? Pourquoi oublies-tu notre misère et notre oppression, quand nous sommes affalés dans la poussière, quand nous rampons par terre ? » C’est dramatique n’est-ce pas ? Comme la semaine dernière, nous avons affaire à un psaume bien triste, un psaume de lamentation.
Survol du Psaume
Le psalmiste commence son psaume aux versets 1 à 4 en se souvenant du passé.
Est-ce que vous voyez ça au verset 2 ? Il parle de ce que leur ancêtres, leur pères, leur avaient raconté et leurs pères leur raconté ce que Dieu avait fait lorsqu’il les a sauvés et il les a fait entrés dans la terre promise, la terre d’Israël. Ils leur avaient raconté l’époque de Josué. Vous pouvez lire ça dans le livre de Josué dans l’Ancien Testament. Et en racontant ce qui s’est passé à cette époque-là, le psalmiste met en avant la toute-puissance du Seigneur lui-même.
Les versets 3 et 4 disent que c’est Dieu qui a chassé les nations de cette terre. Ce n’est pas leurs armées qui ont fait ça, mais Dieu lui-même. C’est Dieu qui a été le véritable héros de la conquête. Et Dieu l’a fait, nous dit le verset 4 parce qu’il aimait son peuple.
Comme dans le livre de Deutéronome, ces premiers versets nous montrent l’importance de l’instruction parentale donnée aux enfants. Les premiers pasteurs d’un enfant sont ses propres parents. Ils ont la responsabilité et le privilège de lui raconter ce que Dieu a fait et de modeler la vie chrétienne mise en pratique.
À partir du verset 5, le Psaume change un petit peu. Au lieu de dire « nous », le psalmiste parle au singulier et il crie à Dieu pour lui dire : « O Dieu, tu es mon roi : ordonne la délivrance de Jacob ! » Qui est cette personne qui parle au verset 5 ? Beaucoup de commentateurs pensent qu’il s’agit du roi d’Israël qui conduit le peuple dans la prière et la louange. C’est lui qui intercède et qui demande à Dieu de sauver le peuple.
Et dans les versets qui suivent, nous avons une véritable confession de foi commune. Est-ce que vous voyez ça ? Aux versets 6 à 9, le peuple dit à Dieu qu’il lui fait confiance, que sa confiance est en lui. Le peuple renouvelle sa confession de foi. Cette foi est basée sur ce que Dieu a fait au passé et elle affirme tout haut leur confiance en Dieu : Dieu fera à l’avenir ce qu’il a déjà fait au passé. Il délivrera son peuple et c’est pour ça que le peuple au présent, verset 9, chante ses louanges et célèbre Dieu, il prend plaisir en Dieu. Cela nous rappelle aussi le sens de nos rencontres le dimanche matin, nous nous assemblons pour nous souvenir de ce que Dieu a fait en Jésus et pour réaffirmer publiquement notre confiance en lui.
Et pourtant cette confession de foi n’est pas facile à faire. Pourquoi ? Parce qu’à partir du verset 10, nous voyons ce qui se passe, ce qui leur arrive. Ils sont aux abois. L’ennemi les a fait reculer. Ils sont exposés aux insultes. Le peuple est catégorique là-dessus, ce qui leur arrive n’est pas le fait de leur péché. Non, ils sont fidèles au Seigneur. Ils ne se sont pas donnés aux idoles. Mais malgré ça, ils sont mal en point. En fait, le psalmiste affirme que si le peuple passe par la vallée de la mort, c’est en vertu de son appartenance au Seigneur, à cause de sa fidélité. Est-ce que voyez ça au verset 23 : « … mais c’est à cause de toi qu’on nous met à mort à longueur de journée, qu’on nous considère comme des brebis destinées à la boucherie. »
Et c’est pour ça que le psalmiste cri à Dieu. : « Lève-toi ! Pourquoi dors-tu, Seigneur ? Réveille-toi, ne nous repousse pas pour toujours ! Pourquoi te caches-tu ? Pourquoi oublies-tu notre misère et notre oppression, quand nous sommes affalés dans la poussière, quand nous rampons par terre ? » On comprend mieux ce cri si rempli d’émotion.
Problématique du Psaume (contexte dans le Psautier)
Nous avons dit la semaine dernière que ces psaumes se trouvent dans le 2e livre du Psautier, le nom que nous donnons à tous les psaumes ensemble. Le Psautier est un recueil de chants et de poèmes qui nous aident à parler à Dieu, mais il est surtout un livre par lequel Dieu qui l’a inspiré nous parle.
Dans ce deuxième livre, nous sommes encore à la recherche d’un roi, un roi oint par Dieu qui peut juger les nations et sauver son peuple, un roi qui va changer le monde. C’est le Roi que nous voyons décrit dans le Psaume 2. Comme dans le 1er livre, ce 2e livre va nous montrer que ce Roi n’est pas le roi David. Le 2e livre va se poser la question de si ce Roi n’est pas son fils, Salomon, mais bien sûr Salomon ne le sera pas non plus. La suite de la Bible nous montre que ce Roi s’appelle Jésus-Christ, un descendant de David et de Salomon. Le Psaume 44 nous montre, comme les Psaumes 42 et 43 de la semaine dernière, que c’est difficile de vivre fidèlement pour Dieu en attendant ce Roi. Quand les ennemis de ce Roi qui va juger et qui va sauver sont encore en liberté, la vie du croyant qui reste fidèle au Seigneur n’est pas un long fleuve tranquille. Au contraire, les difficultés abondent.
Nous ne vivons pas à l’époque de ce psalmiste, mais nous vivons à la lumière de la venue de ce Roi, le Roi Jésus-Christ qui a vaincu la mort. Notre espérance est plus claire que celle du psalmiste, nous avons accès à beaucoup plus de lumière que lui et pourtant nous allons voir qu’à bien des égards, il peut nous enseigner, Dieu peut nous enseigner par lui, comment vivre la vie chrétienne, comment vivre aujourd’hui en attendant le retour de Jésus, le jour où sa victoire sur la mort, le mal et le malin sera pleinement expérimentée et vécue. Jésus lui-même s’est sans doute ressourcé en méditant ce psaume, car le psaume fait écho à son expérience de la vie du croyant fidèle.
Structure
J’aimerais explorer ce psaume ce matin en focalisant sur ce que ce psaume nous apprend par rapport à la personne de Dieu lui-même. On va parler d’abord de sa souveraineté, et ensuite dans un 2e temps nous verrons sa fidélité ou sa bonté et dans un 3e temps, nous pouvons conclure en réfléchissant à comment sa souveraineté et sa bonté façonnent notre foi en lui.
1. Sur toutes choses, même le mal, Dieu est souverain
Je ne sais si vous avez fait le constat lorsque nous lisions ce psaume, mais le personnage principal de ce Psaume est Dieu lui-même et ce Psaume nous montre que le peuple de Dieu est très conscient du fait que leur Dieu est puissant et souverain.
Après l’arrivée un peu précoce de Charles il y a 3 semaines, on attend en ce moment un bébé royal, un fils ou une fille de Kate et de William. Ce bébé pourrait un jour prendre le trône du Royaume-Uni, à moins que d’ici-là le parlement à Westminster ait de nouveau saisie la pleine souveraineté du pays comme il l’a fait à l’époque de Cromwell en destituant et en décapitant le roi Charles 1re. Bien sûr, même si ce bébé devient un jour le roi ou la reine d’Angleterre, il ou elle n’aura pas beaucoup de pouvoir. Il sera un roi pour l’apparence, de manière symbolique. Et puisqu’il n’aura pas de pouvoir, comment pourrait-il être le vrai souverain, celui qui exerce les pleins pouvoirs ?
Lorsque nous parlons de la souveraineté de Dieu, nous parlons de l’exercice de son plein pouvoir. Dieu est un vrai souverain, qui peut vraiment régner. Il a le droit de régner parce qu’il est notre Créateur, il nous a créés. Nous voyons son règne dès le début du Psaume. Il a donné cette terre qu’il avait promise à son peuple. Il a chassé les peuples qui y habitaient. Sa main est une main puissante. Lorsqu’il décide quelque chose, il le fait et il l’accomplit. Dieu n’est pas une mauviette. Son règne n’est en rien symbolique. Son peuple lui fait confiance parce qu’il est capable de les sauver. Il l’a déjà fait. Si c’est le roi d’Israël qui parle au verset 5, il reconnaît que le vrai Roi est l’Éternel. C’est lui le vrai souverain.
Et pour nous, chrétiens, bien des années plus tard, c’est tout aussi vrai. C’est chose faite. Dieu nous a délivré de l’emprise, non pas d’autres nations impies, mais du diable, l’impie par excellence. Oui, il voulait nous faire tuer. En nous poussant à nous rebeller contre Dieu, il voulait qu’on soit condamné par Dieu. Mais dans une démonstration de souveraineté, Jésus l’a vaincu à la croix en prenant sur lui notre condamnation à notre place. Dieu est notre Souverain-Sauveur !
Mais dans la suite du psaume, nous voyons également quelque chose qui de prime abord peut nous sembler bien sombre. Sa souveraineté a un côté mystérieux, voire sombre. C’est ce que nous voyons à partir du verset 10. Tous les malheurs qui tombent sur le peuple et desquels il souhaite être délivré viennent eux aussi de la main souveraine de Dieu. Est-ce que vous voyez ça dans les versets 10 et suivants : …
Le psalmiste dit c’est Dieu qui les couverts de honte, qui les a fait reculer devant l’ennemi, que les a livré comme des brebis à la boucherie, qui les disperse parmi les nations. Ça peut nous sembler étrange. N’est-ce pas leurs ennemis qui leur font tout ça ? Dieu n’y est sûrement pour rien. Dans un sens, c’est vrai. Concrètement, physiquement ce sont leurs ennemis qui leur ont donné une raclée. Mais derrière ça, il y a le Dieu souverain de l’univers, car s’il est vraiment souverain, il est également souverain sur toutes choses. Il n’a pas limité sa souveraineté.
Voici une citation d’un théologien qui s’appelle James Packer, un anglican canadien.
Dieu règne sur les cœurs et les actions de tous les hommes (cf. Proverbes 21,1 ; Esdras. 6,22), bien souvent en vue de desseins qui sont les siens et qu’ils ne soupçonnent pas (cf. Genèse 45,5-8 ; 50,20 ; Esaïe 10,5ss ; 44,28-45,2 ; Jean 11,49ss ; Actes des Apôtres 13,27ss). Le contrôle de Dieu est absolu dans le sens où les hommes ne font que ce que Dieu a ordonné qu’ils fassent ; pourtant ils sont véritablement des agents libres dans le sens où leurs décisions sont les leurs et ils sont moralement responsables pour elles (cf. Deutéronome 30,15ss).[1]
Oui, vous avez raison de penser que c’est difficile à comprendre et bien mystérieux.
Le psalmiste ne se trompe pas en disant que ces choses terribles viennent du Seigneur. Alors, est-ce que ce genre d’idée vous pose problème ? Le Dieu souverain est même souverain sur le mal qui se passe dans le monde. Il faut être prudent en disant une telle chose parce que la Bible affirme de manière nette et claire que Dieu n’est pas l’auteur du mal. Il n’est pas à l’origine du mal. Dieu ne commet pas le mal et ses yeux sont trop saints pour voir le mal. Et pourtant rien ne se passe sans son accord. Plus que ça, personne ne fait quoi que ce soit, bien ou mal, sans que cette chose, selon la souveraineté de Dieu, n’accomplisse pas les desseins de Dieu.[2]
En fait, nous voyons un exemple de cette pleine souveraineté au moment de la crucifixion de Jésus-Christ.
C’était à ce moment-là que les pouvoirs du mal et le péché de l’homme ont dévoilé le cœur de leur projet déicide. À la croix, nous voyons ce que notre péché implique. Il implique notre désir de nous débarrasser de notre Créateur pour vivre sans lui, à notre manière, pour nous-mêmes. C’est un coup d’état bien meurtrier.
Mais Dieu n’était pas pris au dépourvu par cette haine. Loin s’en faut. Car à ce moment-là, Dieu a donné son fils, Jésus s’est donné. Il a cédé à cette haine pour la vaincre une fois pour toutes. L’amour de Dieu et la justice de Dieu ont vaincu de manière souveraine la haine et l’injustice de l’homme.
La croix était selon la volonté de Dieu et ça de tout temps, et pourtant on y voit le cœur du mal dévoilé, l’intention libre de l’homme de se débarrasser de son Dieu. Dieu l’a voulu pour démontrer la grandeur de sa grâce, pour dévoiler la grandeur de sa gloire.
Quel mystère extraordinaire !
Si nous voulons préserver une compréhension grandissime de Dieu, une vision exaltante de qui il est. Nous devons comme le psalmiste le fait, affirmer sa pleine souveraineté, même quand ça nous semble poser problème. Si on ne le fait pas, notre Dieu sera bien petit, limité par les circonstances, ses ennemis et les actions de l’homme. Bref, il ne sera plus le Dieu la Bible, le vrai Dieu.
2. Mais notre Dieu souverain est également bon, très bon !
Les dictateurs font peur n’est-ce pas ? Si quelqu’un a tous les pouvoirs, il a plein pouvoir de faire beaucoup de mal. Vivre sous les régimes d’Hitler, de Staline et de Mao faisait très peur. Ils avaient des réseaux policiers impressionnants. Ils avaient le pouvoir de faire disparaître leurs opposants.
Mais Dieu, le Dieu souverain, souverain même sur le mal, sans en être l’auteur n’est pas comme un de ces dictateurs. Pourquoi ? Parce que le psalmiste, même s’il sait que les malheurs qui s’abattent sur son peuple sont le fait du Dieu souverain, sait qu’il est bon et ça fait toute la différence.
Il regarde en arrière et il fait le constat que Dieu a été bon pour Israël. C’est ce que ses ancêtres lui ont dit. Dieu est un Dieu libérateur, salvateur. Il aime son peuple. C’est pour ça qu’il annonce qu’il réaffirme sa foi en lui aux versets 6 à 9. C’est pour ça que le dernier mot de ce psaume est le mot hébreu HSD, ce qui veut dire « fidélité aimante » ou « amour fidèle ». Pour le psalmiste, c’est ce qui caractérise la personne de Dieu. Il est un Dieu plein d’amour, plein de fidélité et puisqu’il est souverain et bon en même temps, il peut lui faire confiance, il peut crier vers lui, même dans ses moments les plus sombres, les plus difficiles.
Mais s’il est bon pourquoi tous ces malheurs ? Pourquoi la persécution ? Sans doute, par moments, nos frères et sœurs dans les pays où la persécution sévit doivent se poser cette question.
Nous l’avons déjà dit le peuple souffre non pas à cause de ses fautes, mais à cause de son appartenance au Seigneur.
Parfois, nous voyons que Dieu discipline son peuple. Le Nouveau Testament nous dit que Dieu parce qu’il nous aime, nous corrige, il nous discipline pour nous remettre sur les rails, pour que nous apprenions à l’aimer en lui obéissant. De manière proverbiale aussi, nous récoltons ce que nous semons. Si on sème le mal, on en récoltera les conséquences. Mais dans ce cas-ci, le peuple est innocent. C’est aussi pour ça que le Psalmiste fait appel à la bonne conscience du peuple devant Dieu aux versets 21 à 22.
Non, le peuple souffre à cause du Seigneur lui-même, à cause de sa fidélité au Seigneur ! Comment pouvons-nous y voir la bonne main du Seigneur là-dedans ? Ce qui est peut-être surprenant, c’est que le Psalmiste ne nie en rien la bonté du souverain Dieu. Certes, il se demande si Dieu a oublié son peuple ou si Dieu ne dort pas, mais au fond il ne doute pas de sa bonté. Sa confiance en sa bonté le pousse à crier vers lui. Sa confiance est vraiment exemplaire d’autant plus qu’il a vécu avant Jésus-Christ. Nous, nous avons bien des preuves supplémentaires de sa bonté souveraine.
Bien des années plus tard, l’apôtre Paul cite le verset 23 du Psaume 44. Il le cite vers la fin de son célèbre chapitre 8 de sa lettre aux Romains. Il le cite pour expliquer la vie chrétienne à ses lecteurs et pour leur expliquer qu’ils peuvent faire confiance à Dieu, même dans la souffrance et la persécution.
Dans ce chapitre-là l’apôtre Paul explique à ses lecteurs que le Dieu qui est souverain est bon - je cite – 28 Nous savons, du reste, que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein. Et ce bien, nous le voyons tout de suite après. Le bien que Dieu a en vue n’est pas la prospérité matérielle, l’épanouissement sentimental ou la santé physique, mais le fait de ressembler à Jésus-Christ, d’être rendu conforme à celui en qui Dieu prend plaisir, ce Fils obéissant.
Oui, tout comme ce Fils nous apprenons l’obéissance par la voie de la croix. Certes, ce n’est que lui qui va à la croix, mais nous qui le suivons, nous le suivons de manière figurée, imagée en prenant notre croix. La vie chrétienne normale est marquée par cette hostilité, par ces insultes. Nous ne devons pas nous attendre à ce que la société autour de nous nous apprécié et chante nos louanges. Et si ce chapitre 8 nous montre que Dieu ne nous épargne pas cette souffrance, il nous montre aussi que dans la souffrance Dieu ne nous lâche jamais.
Lisons la fin de ce chapitre 8 de Romains : …
31 Que dirons-nous donc à l’égard de ces choses? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous? 32 Lui qui n’a point épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas aussi toutes choses avec lui? 33 Qui accusera les élus de Dieu? C’est Dieu qui justifie! 34 Qui les condamnera? Christ est mort; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, et il intercède pour nous! 35 Qui nous séparera de l’amour de Christ? Sera-ce la tribulation, ou l’angoisse, ou la persécution, ou la faim, ou la nudité, ou le péril, ou l’épée? 36 selon qu’il est écrit: C’est à cause de toi qu’on nous met à mort tout le jour, Qu’on nous regarde comme des brebis destinées à la boucherie. 37 Mais dans toutes ces choses nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés. 38 Car j’ai l’assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, 39 ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur.
Dans cette souffrance à cause du Seigneur, Dieu ne dort pas. Il n’a pas rejeté son peuple, car rien ni personne ne peut séparer son peuple de son amour fidèle. Le Psalmiste fait appel à cet amour fidèle, c’est le dernier mot du psaume.
En quelque sorte, la réponse à son appel est la croix où le Fils souffre à notre place, l’innocent pour les coupables pour nous réconcilier à Dieu. C’est là qu’il nous montre l’amour et la fidélité de Dieu de manière suprême. Si nous voulons la preuve que celui qui est pleinement souverain est pleinement bon, nous ne devons que regarder à la croix.
Et à la croix, Jésus a crié « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Marc 15,34) Jésus peut pleinement compatir avec son peuple souffrant. Lorsque Dieu semble lointain et absent, Jésus peut dire « mon enfant précieux, je sais ce que tu ressens ». Et nous savons que Dieu n’a pas oublié Jésus. Trois jours plus tard, il l’a ressuscité d’entre les morts et il l’a fait asseoir à sa droite d’où il règne aujourd’hui. La vie chrétienne normale est marquée par la souffrance, mais cette souffrance est bien temporaire.
3. Sa souveraineté et sa fidélité façonnent notre foi en Lui
Alors, pourquoi est-ce que certains souffrent plus que d’autres ? Pourquoi est-ce que nos frères et sœurs en Corée du Nord ou au Nigeria souffrent beaucoup plus que nous qui ne devons que subir quelques insultes et quelques brimades ? Je n’en sais rien. Nous devons prier que le Seigneur enracine nos frères et sœurs en lui, en la connaissance du Dieu qui est souverain et bon, qu’ils sachent au fond de leurs cœurs et quoi qu’on leur fasse que Dieu les aime profondément, que Dieu ne les ait pas abandonnés.
Au fond, c’est ce que nous devons prier pour nous-mêmes aussi. Lorsque Dieu semble loin et absent, nous avons besoin de revenir à l’évangile de Jésus-Christ, nous avons besoin de nous rappeler ce qu’il a fait au passé tout comme le psalmiste fait aux versets 2 à 4. Nous avons besoin de passer en revue ce qu’il a fait pour nous et ensuite inviter nos cœurs à réaffirmer notre foi.
Il est le Dieu souverain, le Dieu qui peut et veut nous donner toutes choses. Il veut nous donner lui-même, sa présence, son amour, sa gloire, le fait d’être à lui aujourd’hui et dans toute l’éternité.
Certes, la foi, croire en Jésus n’est pas chose simple. C’est croire ce qui est invisible. Au présent, nous ne voyons que des obstacles, des épreuves, mais ce psaume nous élève pour que nous puissions voir au-delà des épreuves, pour voir le Dieu souverain, souverain même sur les épreuves, car lui il sait ce qu’il fait et il est bon.
Nous allons demander à Dieu dans la prière de nous façonner par notre connaissance de lui afin que …
… dans la souffrance, dans les épreuves nous ne lâchions pas prise,
… que nous ne nous mettions pas à accuser Dieu de tous les maux,
… que nous ne sombrions pas dans une déprime centrée sur l’homme,
… mais qu’il nous aide à voir son amour et à mettre notre confiance en Lui.
Prions
[1] J.I. Packer, cité dans « The God who hears » W.Bingham Hunter, IVP, 1986, p.57
[2] Cf. A.W. Pink, « The Sovereignty of God », The Banner of Truth, 1928, p.39